l est ce pays, cette contrée, loin, là-bas, au-delà des montagnes et des mers, de l’autre côté de l’alizé et de l’aurore, d’où une légende nous est parvenue.
Il ne reste que des bribes de cette légende. Et de ces bribes ne résident que des fragments en ma mémoire.
Laissez-moi tenter de me rappeler…
C’était un pays où il faisait toujours un soleil éclatant. La lumière était toujours brillante et intense. Jamais il n’y faisait sombre, jamais de nuits, ni d’ombres. Que ce merveilleux soleil qu’aucun nuage ne venait jamais assombrir. Tous ses habitants ne vivaient que par le soleil et la lumière et ne se posaient pas de questions. Vivre consistait simplement à profiter du soleil. Et vivre était bon. Le sol était d’une blancheur immaculée, sans ombres et sans noirceurs. Le ciel était bleu profond. Et tous aimaient le bleu du ciel, les chauds rayons du soleil et la blancheur du sol. Le bonheur régnait joyeusement avec légèreté et inconscience.
Puis, un jour, quelque chose apparut sous le soleil. Au début, c’était plutôt une curiosité pour les habitants. Mais bientôt, le soleil en fut obscurci. La température chuta, la lumière aussi. Et le vent se leva. La pluie commença à tomber, les éclairs figeaient les cœurs et le tonnerre crispa les âmes au plus profond de celles-ci. Tous se demandaient pourquoi de telles choses se produisaient. Où était le soleil, pourquoi était-il parti, quelle était la raison de tous ces malheurs? El la pluie tombait. Froide. Et le vent soufflait. Et tous perdaient leurs repères dans cette nuit – car ainsi ils nommaient cette nouvelle réalité. Une nuit noire. En serait-il désormais ainsi pour toujours? Serait-il possible qu’un jour le soleil puisse revenir? Le doute s’installa. La peur aussi. Et les ombres grandissaient, assombrissant les coeurs et les âmes. Le désespoir s’installait.
Puis, un matin, la pluie diminua. Le vent aussi. Et tous deux vinrent par cesser complètement. Le sol n’était plus reconnaissable tellement il avait été meurtri. Il était creusé par des rigoles, et on pouvait y lire toute la souffrance qu’il avait endurée. Mais quelque chose d’étrange aussi était nouveau. Quelque chose d’inconnu, qui n’était pas là auparavant. Là-bas, sur une colline, qui n’avait jamais été remarquée précédemment, il y avait ce quelque chose. Et quand on s’en approchait, c’était tellement différent de tout ce qui avait été vu et connu à ce jour. Et cet étrange objet émergeait de ce sol ravagé. Et comme le soleil reprenait de la force, l’objet se transformait, grandissait, maturait. De nouvelles couleurs, de nouvelles formes, de nouvelles odeurs, de nouvelles douceurs il apportait. On appela cette étrangeté, qui apparaît après l’orage et l’intempérie, une fleur. Mais elle n’était pas seule. D’autres apparurent, partout. Et les habitants s’émerveillaient de cette nouvelle réalité. Oui le moment avait été difficile, dérangeant, douloureux, mais que de beauté s’en suivi-t-il! Et un nouveau bonheur s’installa. Un bonheur différent, plus calme, plus serein, plus sobre… plus solide.
La légende se poursuit semble-t-il. Mais ce ne sont que les fragments qu’il nous reste. On n’a jamais pu retrouver l’endroit précis de ce lointain pays d’où cette histoire nous parvient, mais certains disent qu’il est en nous, au cœur de chacun. Et que le simple fait d’exister nous le fait explorer.
انا ايضا وجدت واجدة و ان شاء الله تفهمها